Un peu d'histoire

Naissance de la CGT-FO

... au travers de l’histoire du mouvement ouvrier.

 

XI et XIIème siècle : naissance des corporations

Le mouvement ouvrier avant 1884, date officielle de la légalisation des syndicats, n’est pas structuré. Les prémices d’une prise de conscience des ouvriers apparaissent durant le XI et XIIème siècle avec la naissance des corporations. Les corporations regroupent dans une même structure les maîtres, les compagnons et les apprentis. Elles défendent les intérêts des métiers.

 

XVIème siècle Opposition entre maîtres et ouvriers

Le capital prend une part croissante dans l’industrie et le commerce. Les corporations profitent essentiellement aux maîtres. L’opposition d’intérêts devient évidente. Les ouvriers réclament la suppression des corporations et se regroupent en compagnonnages. Les compagnonnages sont une première prise de conscience des intérêts particuliers de la classe ouvrière. Ils sont basés sur le principe de la solidarité et de l’entraide.

 

1789 : La Révolution Française

La révolution de 1789 va permettre l’installation au pouvoir de la bourgeoisie économiquement prépondérante. Par delà les remous de l’histoire politique, la domination bourgeoise appuyée sur un cadre institutionnel et économique va favoriser le développement du capitalisme industriel et financier. Au moment de la révolution le problème ouvrier ne s’est pas posé avec une grande acuité. Les cahiers de doléances ont ignorés la condition ouvrière et ne se sont intéressés aux pauvres que sous l’angle de la charité. L’augmentation de la population ouvrière qui fuit les campagnes, les conditions de vie très dégradée, une durée du travail en constante augmentation, de faibles salaires vont conduire progressivement à la naissance du mouvement ouvrier.

 

1791 : Loi Le Chapelier

La loi Le Chapelier est une loi proscrivant les coalitions notamment les corporations, les rassemblements ouvriers et paysans mais aussi le compagnonnage. Elle interdit les grèves et la constitution de syndicats mais aussi les mutuelles. Son préambule affirme qu’il « n’est permis à personne d’inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de coopération ». Cette loi vise à favoriser la libre entreprise, conçue comme le moyen d’assurer l’enrichissement de la nation et le progrès social. L’argent devient le critère essentiel de la notabilité donc du pouvoir. Cette prohibition sera utilisée par la bourgeoisie pour étendre sans contrainte son hégémonie, en devenant l’arme servant à exploiter une masse de plus en plus considérable de « prolétaires ». De lourdes sanctions pénales renforcent l’effet de cette loi et pendant un siècle aucune constitution légale de syndicats n’aura lieu.

 

1803 : Instauration du « livret ouvrier »

Mis en service par Napoléon en 1803 le livret ouvrier était un document officiel que devait présenter les ouvriers aux autorités en de multiples occasions. Tout ouvrier qui voyageait sans son livret était considérer comme vagabond et pouvait être arrêté et puni comme tel. Sur ce livret figurent les indications d’état civil de l’ouvrier, les noms de ces différents patrons, les motifs d’embauche et de départ. Toute mauvaise appréciation rend la recherche d’un nouvel emploi difficile. C’est la menace perpétuelle du chômage pour l’ouvrier qui ose formuler des revendications. Le livret ouvrier sera supprimé officiellement en 1890.

 

21 novembre 1831 : Première révolte ouvrière « la révolte des canuts de Lyon »

La grande crise de 1826-1831 alimente le mécontentement politique. Charles X est renversé par le peuple. La monarchie s’installe avec l’avènement de Louis Philippe 1er. La grande crise économique de 1826-1831 alimente le mécontentement politique. Charles X est renversé par le peuple. La monarchie s’installe avec l’avènement de Louis Philippe 1er. L’espoir d’obtenir quelques reformes d’un régime estimé plus libérale que le précédent aiguillonne la protestation ouvrière qui porte plus directement sur des mesures à prendre contre le chômage, sur la réduction du temps de travail et sur les montants des salaires. De plus en plus, dans les grandes villes, les ouvriers réclament un « salaire minimum ». Entre 1831 et 1835 on ne dénombre pas moins de 58 grèves par an. Ce sont des grèves offensives. C’est ainsi qu’éclate à Lyon, la révolte des Canuts (tisseurs de soie) qui réclament un « tarif » au dessous duquel aucun fabricant de soierie ne pourra les rémunérer. Une partie du patronat refusera cet accord. Des manifestations éclatent et de graves incidents se produisent. L’armée chargera et la révolte sera noyée dans le sang.

 

25/29 février 1848 : Instauration de la Liberté syndicale

Les années 1846-1848 sont des années de crise économique mais aussi sociale. Tous les domaines sont touchés (l’industrie comme l’agricole), les prix grimpent, les salaires sont revus à la baisse. Le taux de chômeurs augmente considérablement. Après l’abdication de Louis Philippe et l’instauration du suffrage universel, un décret proclame le droit au travail et le droit d’association. « Le gouvernement provisoire de la république française s’engage à garantir l’existence de l’ouvrier par le travail. Il s’engage à garantir du travail à tous les citoyens, il reconnaît que les ouvriers doivent s’associer entre eux pour jouir du bénéfice légitime de leur travail ». Mars 1848 : réduction de temps de travail L’utilisation de la machine à vapeur associée à l’éclairage au gaz ont conduit à l’allongement de la durée du travail. Il n’est pas rare de travailler 15 heures par jour. En 1848 est créée une Commission du Luxembourg chargée de l’étude des problèmes du travail. Le décret du 2 mars 1848 va réduire la journée de travail à 10 heures à Paris et 11 heures en province. Malgré cette loi les ouvriers continuent de travailler plus de 12 heures par jour. Dès 1851 de nombreuses dérogations sont accordées qui vident la loi de 1848 de sa substance. La loi de 1841 qui réglemente le travail des enfants reste inappliqué notamment sur la durée de travail.

 

1850 : Création d’un statut légal pour les sociétés de secours mutuel

Le XIX siècle, avec l’autorisation puis la liberté d’association, marque une étape importante pour les sociétés mutualistes. Afin de contrôler les actions de ces institutions de prévoyance qui servent de paravent au syndicalisme ouvrier, l’Etat légalise par un statut juridique les « sociétés mutualistes ».

 

1852 : La loi sépare mutualisme et collectivisme

Le coup d’état de décembre 1851 porte Napoléon III au pouvoir. Le massacre des badauds parisiens lors de ce coup d’état vise à intimider les opposants. Les républicains, les responsables ouvriers sont pourchassés. Elle autorise les « sociétés de secours mutuels » mais les syndicats sont de nouveau interdits. 1864 : création de chambres syndicales et de fédérations clandestines Dès la fin du XVIIème siècle, malgré la loi Le Chapelier, des associations mutuelles se sont développées. Leurs buts officiels étaient de secourir les travailleurs face au chômage, à la maladie et à la vieillesse. Elles sont, suivant les périodes plus ou moins tolérées ou réprimées. A partir de 1830, alors que le patronat diminue les salaires afin d’augmenter ses profits, des « sociétés de résistance » se créent. Elles veulent freiner cette baisse des salaires et diminuer la journée de travail. Une délégation d’ouvriers français se rend à l’exposition universelle de 1862 de Londres. Ils découvrent l’ampleur du mouvement ouvrier anglais puissant et bien organisé en unions nationales (Trades Unions) qui jugent de l’opportunité des grèves et des actions à menées. Dès 1864, à l’imitation des « Trades Union », les mutuelles et les sociétés de résistance vont se transformer en Chambres syndicales clandestines sur la base du métier. Un double mouvement pousse ces chambres syndicales clandestines à s’unir. Cela aboutit d’un part à la formation de fédérations nationales à base professionnelle et d’autre part à une entente interprofessionnelle entre les chambres syndicales d’une même ville. La loi du 25 mai 1864 accorde le droit de coalition. L’Etat reconnait implicitement les organisations ouvrières mais les droits d’associations et de réunion ne sont toujours pas reconnus. Après l’exposition universelle de 1867 à Paris, une commission ouvrière se créée. Elle obtient un succès inestimable : la reconnaissance tacite par l’Empereur de la liberté syndicale. Cette tolérance va faciliter l’éclosion syndicale. On dénombre 67 créations de syndicats entre 1867 et 1870.

 

1872 : suppression du droit de grève et dissolution par le Gouvernement de la Chambre Fédérale des sociétés ouvrières de Paris

Après les répressions extrêmes infligées lors de la commune de Paris en 1871, le mouvement ouvrier se retrouve sans leader et sera plongé à nouveau dans de nouvelles années de répression. L’assemblée conservatrice au pouvoir va s’attacher à liquider les organisations ouvrières au travers de la loi DUFAURE qui suspend le droit de grève et dissous la chambre fédérale des sociétés ouvrières de Paris.

 

1874 : loi sur le travail des enfants

Une enquête sur les conditions de travail des ouvriers est menée. Elle aboutit sur le rapport DUCARRE qui met en évidence les méfaits du travail sur la santé des enfants. La loi de 1874 limitera le temps de travail des enfants de moins de 12 ans à 6 heures par jour dans les secteurs autorisés à les employer 2O octobre 1876 : premier congrès ouvrier de France à Paris 15O associations dont 88 chambres syndicales sont représentées à ce premier congrès ouvrier dit »de la salle d’Arras ». Le congrès réclame la liberté de réunion et d’association, le droit au travail, des salaires décents, des assurances maladie, chômage et vieillesse. Il affirme également sa volonté d’indépendance vis-à-vis de l’Etat et des partis.

 

21 mars 1884 : légalisation des syndicats

La loi de 1884 autorisant la création des syndicats va permettre aux travailleurs de s’organiser au grand jour. La loi WALDEK-ROUSSEAU abolit la loi LE CHAPELIER ; les syndicats et les associations professionnelles peuvent se constituer librement pour l’étude et la défense de leurs intérêts économiques. Les fonctionnaires ne bénéficient pas de ces dispositions. Les activités de secours mutuel et les activités syndicales sont formellement séparées. Cette différenciation sera très importante dans l’évolution du syndicalisme en France à la différence du syndicalisme germanique, nordique ou anglo-saxon. Les ouvriers doivent se mettre en grève comme par exemple les mineurs d’Anzin pour obtenir la reconnaissance de leur syndicat. Le fait d’appartenir à un syndicat devient fréquemment un motif de licenciement.

 

1886 : Création de la Fédération Nationale des Syndicats et groupes corporatifs de France et des Colonies (FSN)

Les groupements politiques et ouvriers se renforcent. Les syndicats sentent un besoin d’unification et créés la fédération nationale des syndicats et groupements corporatifs de France. Le syndicalisme français est marqué par divers courants de pensée : Ceux qui veulent politiser le syndicat tels que les guesdistes (Groupés autour de Jules Guesde, gendre de Marx qui est le fondateur du Parti Ouvrier Français), les mutualistes et les corporatistes Ceux qui veulent préserver l’Indépendance Syndicale. 1887 : Création de la première bourse du travail à Paris Le Conseil municipal de Paris donne un immeuble pour fondée une bourse du travail. L’idée de la municipalité est d’intégrer le syndicalisme, de le lier avec les intérêts de la ville. Mais cette idée ne prend pas chez les ouvriers qui marquent un désir d’indépendance syndicale. D’autres bourses se créent rapidement en province. Elles ont à la fois un rôle social, moral, éducatif et revendicatif. Elles assurent un service de mutualité (bureau de placement, secours en cas de chômage, de maladie ou d’accident) d’enseignement (cours du soir avec les premiers instituteurs laïcs) mais aussi de propagande avec la création de syndicats et de résistance avec l’organisation des grèves. En Mayenne il faudra attente le 12 janvier 1901 pour que soit inaugurée la Bourse du Travail. Elle était située au 56, rue Rennaise à Laval. Son premier secrétaire a été François ACAMBON. Il était auparavant secrétaire de la chambre syndicale de la chaussure.

 

1891 : grande grève dans les mines du Nord et du Pas de Calais

Cette grève très dure s’achèvera par la « convention d’Arras » signée le 29 Novembre 1891. Convention collective avant la lettre qui concerne les mineurs du nord et pas de Calais. L’accord portera sur les salaires et l’ouverture de négociation pour la mise en place d’une caisse de secours et de retraite. 1892 : Organisation de l’inspection du travail et loi sur la réduction du temps de travail L’Inspection du travail naît de la carence dans l’application du droit du travail. Elle fut créée par la loi du 19 mai 1874 et réorganisée par la loi du 2 octobre 1892 avec la création d’un corps d’inspecteurs chargé d’assurer l’application des dispositions légales relatives aux conditions de travail, à la protection des travailleurs dans l’exercice de leur profession.

 

1892 : les Bourses du travail se fédèrent en Fédération Nationale des Bourses du Travail (FNBT)

Par souci d’indépendance, la fédération Nationale des Bourses du Travail (FNBT) se démarque la Fédération nationale des syndicats (FSN) Fernand PELLOUTIER sera le premier secrétaire général de la Fédération des Bourses. Il revendiquera leur indépendance complète et s’attachera à développer la solidarité interprofessionnelle.

 

1893 : Loi sur l’hygiène et la sécurité au travail

Les conséquences dramatiques du développement industriel sur les conditions de travail des ouvriers amènent les pouvoirs publics à intervenir pour édicter des mesures de protection de santé et de sécurité.

 

1895 : Naissance de la CGT

Lors du 7ème congrès corporatif à Limoges, la FNBT (Fédération Nationale des Bourses du travail) et la FNS (Fédération Nationale des Syndicats et groupes corporatifs de France et des Colonies) décident la constitution de la Confédération Générale du Travail. Le congrès revendique : La journée de travail de 8 heures Un minimum de salaire La création d’une caisse de retraite

 

9 avril 1898 : loi sur l’indemnisation forfaitaire des accidents du travail

Elle créée un régime spécial de responsabilité. Le salarié victime d’un accident du travail peut demander une réparation sans avoir à prouver la faute de son employeur. L’indemnisation est forfaitaire.

 

1900 : loi limitant la journée de travail à 11 heures

 

1902 : la durée légale du travail est fixée à 10H30

 

1902 : congrès de la CGT à Montpellier

La CGT se dote de structures verticales (les fédérations) et horizontales (les unions départementales et locales). Les nouveaux statuts rappellent que la CGT regroupe « en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat ». Ils s’unissent, au sein de la CGT pour la défense de leurs intérêts moraux et matériels, économiques et professionnels. Tout syndicat doit être : Adhérent à une fédération nationale et à une Bourse du travail Abonné à la « voix du peuple »

 

1905 : Application de la journée de 8 heures pour les mineurs de fond

 

9 décembre 1905 : loi sur la séparation de l’Etat et de l’Eglise

En 1891 le Pape Léon XIII publie son encyclique « Rerum Novarum « (les choses nouvelles) sur les conditions ouvrières. Déplorant la disparition des corporations et la misère ouvrière, le pape condamnait le socialisme car la question sociale ne devait pas être résolue par la lutte des classes. A la patience des ouvriers devait répondre l’humanité du patron. Le député socialiste fait voter la loi concernant la séparation de l’Etat et de l’Eglise. Elle clôture 25 ans de violentes tentions entre le pouvoir républicain et l’Eglise catholique, l’un et l’autre se disputant le magistère moral sur la société.

 

Loi du 13 juillet 1906 : Généralisation du repos hebdomadaire

Après dix huit mois de lutte syndicale ininterrompue la loi du 13 juillet 1906 généralise le repos hebdomadaire. La semaine de travail n’est plus que de 6 jours et la semaine de 6o heures Octobre 1906 : création du Ministère du travail Dans le contexte social agité de 1906 (1300 grèves d’une durée moyenne de 19 jours) qui voit la montée en puissance de la CGT, le gouvernement ne peut plus ignorer les revendications sociales. Le Ministère du travail et de la prévoyance sociale est créé le 25 octobre 1906 par le Président du conseil Georges CLEMENCEAU.

 

8 au 16 octobre 1906 : congrès d’Amiens et adoption de la « Charte d’Amiens »

Après que Victor RENARD (secrétaire de la Fédération du textile) propose une collaboration étroite avec le parti socialiste (Son texte est combattu et repoussé par 720 voix contre et 34 voix pour), la CGT adopte « la charte d’Amiens ». Ce texte adopté par 834 voix POUR, 8 CONTRE et 1 ABSTENTION affirme la nécessite d’une autonomie complète de l’organisation syndicale à l’égard du patronat, des partis politiques, des religions, des sectes et des philosophies. 5 avril 191O : loi sur les retraites ouvrières et paysannes à 65 ans Après trente ans de débat s parlementaires , la France adopte une loi portant sur le système de retraites ouvrières et paysannes. La CGT condamne sans appel cette loi sous le slogan « Non à la retraite pour les morts ». Les pensions de retraites très modestes ne seront perçues qu’à l’âge de 65 ans… alors que l’espérance de vie des ouvriers est de 50 ans !

 

1910 : Première édition du Code du Travail

C’est la reconnaissance de droits spécifiques pour les travailleurs.

 

19 mars 1919 : création du premier syndicat patronal structuré

La CGPF (confédération générale de la production française) voit le jour. Elle s’efforce de fédérer des groupements professionnels. Elle regroupe 21 fédérations patronales.

 

25 mars 1919 : loi sur les conventions collectives

Cette loi apporte un premier cadre institutionnel aux conventions collectives et constitue une étape décisive dans la constitution du droit de la négociation collective.

 

23 avril 1919 : loi sur la journée de 8 heures

La journée de travail est portée à 8 heures soit 48 heures par semaine. 15 au 21 septembre 1919 : Congrès de la CGT à Lyon La CGT compte alors 2 millions d’adhérents. A l’intérieur du congrès les tendances s’affrontent. 6OO mandats vont aux communistes contre 1300 aux confédérés de la tendance JOUHAUX (secrétaire général élu en 1909 à la tête de la CGT). Novembre 1919 : création de la CFTC (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens) Elle regroupe les syndicats chrétiens et prend comme référence la doctrine sociale de l’église et prône la collaboration du capital et du travail.

 

Juillet 192O : 2ème congrès de la IIIème internationale

Lénine fixe les 21ème conditions d’adhésion à l’internationale communiste. La 9ème fait du syndicat une « courroie de transmission » du parti communiste. Elle stipule que « tout parti qui désire appartenir à la IIIème internationale doit systématiquement et avec persévérance, déployer une activité communiste au sein des syndicats, des conseils d’ouvriers et d’usines…. Il est nécessaire d’organiser au sein de ces organisations des cellules communistes, qui par un travail constant et persévérant devront gagner les syndicats à la cause communiste. »

 

27 septembre au 2 octobre 192O : XVème congrès de la CGT

L’affrontement entre les tenants de la « Charte d’Amiens » (fidèle à l’indépendance syndicale) et les communistes est vif.

 

Décembre 192O : naissance du parti communiste français

Lors du congrès de TOURS en décembre, 67 % des délégués votent en faveur de l’adhésion au Kominterm (internationale communiste) et se soumette aux 21 conditions imposées par Lénine. C’est la scission du PSU-SFIO ; les majoritaires fondent le parti communiste français, la minorité conduite par Léon BLUM quitte le parti et fonde la SFIO.

 

Décembre 1921 : Congrès de la CGT à LILLE et première scission syndicale

Deux années de polémiques ont précédé ce congrès. Le débat sur l’association Syndicat-Parti bat son plein. La motion de JOUHAUX, fidèle à la Charte d’Amiens sur l’indépendance syndicale est votée par 1582 voix POUR et 1325 voix CONTRE. Les minoritaires refusèrent de cesser leur activité politique au sein de la CGT et créèrent la CGT-U.

 

Mars 1928 : loi sur les assurances sociales

Loi sur les « assurances sociales » proches des lois allemandes, rendant la couverture maladie obligatoire.

 

1929 : la CGT-U reconnait le rôle dirigeant du Parti communiste

Lors de son congrès en septembre 1929 les militants de la CGT-U reconnaissent le rôle dirigeant du Parti communiste sur l’organisation syndicale. Dès cet instant le PC utilisera les structures syndicales pour développer son influence.

 

Mars 1932 : Les allocations familiales sont étendues à l’ensemble des travailleurs du privé

La loi Landry généralise le principe des sursalaires familiaux pour tous les salariés de l’industrie et du commerce ayant au moins deux enfants. L’adhésion de l’employeur à une caisse de compensation devient obligatoire. Le montant des allocations peut varier selon les catégories professionnelles et d’un département à un autre.

 

1932 : droit de se syndiquer pour les fonctionnaires

Le gouvernement d’Edouard HERRIOT accordera aux fonctionnaires le droit de se structurer en syndicats.

 

1934 : émeutes fascistes à Paris

De durs affrontements se produisent place de la concorde le 6 février. La manifestation fera 15 morts et 700 blessés. En réaction aux émeutes provoquées par l’extrême droite, une grève générale est déclenchée le 12 février à l’initiative de la CGT. La CGT-U s’associe à l’appel.

 

2 au 4 mars 1936 : congrès de la CGT à Toulouse et réunification syndicale

Lors du congrès de la CGT en mars 1936, la CGT-U dirigée par Benoit FRACHON (membre du bureau politique du PC) rejoint la CGT ; FRACHON entre au bureau confédéral.

 

5 mai 1936 : Victoire de la gauche au second tour des législatives

Mise en place d’un gouvernement de front populaire. En juin 1936 : La France est paralysée par une grève générale. Les usines sont occupées. La grève se terminera par la signature des Accords de Matignon entre le Patronat, les Syndicats et le Gouvernement. Ils prévoient l’extension des conventions collectives, une amélioration du droit syndical, l’augmentation des salaires, arrêtent le principe d’une loi sur les 4O heures de travail et les congés payés. Pour Léon JOUHAUX, secrétaire général de la CGT ces accords « sont la reconnaissance et l’amélioration des conditions de toute une classe ». Entre juin 1936 et mars 1937 les salariés adhérent massivement à la CGT. En mars 1937 l’organisation est forte de 4 millions d’adhérents.

1936, c’est aussi :

2O juin : loi sur les congés payés (15 jours)

21 juin : loi sur les 4O heures de travail 24 juin : loi sur les conventions collectives et loi sur la création des délégués ouvriers.

 

23 août 1939 : pacte germano-soviétique.

C’est un pacte de non-agression mais qui, dans un protocole secret, prévoyait le partage de la Pologne entre l’Allemagne et la Russie. Ce pacte qui permettait à Hitler d’envahir la Pologne ne pouvait qu’entraîner la guerre.

 

3 septembre 1939 : La France déclare la guerre à l’Allemagne

18 septembre 1939 : deuxième scission syndicale (CGT et CGT-U). La CGT lors de sa commission exécutive du 24 août condamne le pacte germano-soviétique par 18 voix contre 8. Les communistes de la CGT choisissent de soutenir Staline. Cette fois l’unité n’est plus possible et le 18 septembre le Bureau Confédéral entérine la scission. Les communistes quittent la CGT.

 

194O : décret de dissolution provisoire des syndicats

Octobre 1941 : loi sur l’organisation sociale des professions (charte du travail). Il s’agit de remplacer le syndicalisme par une sorte de corporatisme. Il est prévu de créer des « comités mixtes sociaux » regroupant les membres (salariés et patrons) d’une même profession. Ces « syndicats » sont obligatoires et uniques. Les salaires sont fixés par l’Etat. L’objectif est de supprimer la lutte des classes et de « déterminer des rapports justes et harmonieux » entre les patrons et les ouvriers sous la houlette de l’Etat. Les grèves sont interdites.

 

Avril 1943 : Accords du Perreux

Les accords du Perreux ont consacré la réunification de la CGT et de la CGT-U. L’entrée du parti communiste dans la clandestinité en 1942 a permis un nouveau rapprochement entre les deux tendances. Il fut notamment décidé qu’à la libération la CGT serait reconstituée comme elle l’était en 1936 avec toutefois une plus forte représentation des « ex-unitaires » dans les instances. Les communistes gagnent donc un siège supplémentaire au bureau confédéral de la CGT.

 

27 mai 1943 : création du Conseil National de la Résistance (CNR)

Créée en 1943, le Conseil de la Résistance adoptera en mars 1944 un programme fortement inspiré des revendications de la CGT Il prévoit notamment des nationalisations, la création de la sécurité sociale et l’instauration des comités d’entreprise.

 

21 avril 1944 : droit de vote des femmes

Le vote présenté comme un « devoir civique » est étendu aux femmes par ordonnance le 21 avril 1944. Elles s’exprimeront pour la première fois aux élections municipales d’avril 1945.

 

27 juillet 1944 : la liberté syndicale est rétablie

L’ordonnance d’Alger déclare nulle la Charte du travail. La liberté syndicale est rétablie. En août le bureau confédéral de la CGT reprend possession de ses locaux rue Lafayette à Paris. Léon JOUHAUX alors Secrétaire Général est encore déporté. La tendance confédérée (attachée à l’indépendance syndicale) est représentée par BOTHEREAU, BUISSON, GAZIER, MEUNEYER et la tendance CGT-U par FRACHON, ROCAMON et RAYNAUD.

 

Février 1945 : Création des Comités d’entreprise

Institués par l’ordonnance du 22 février les comités d’entreprise sont obligatoires dans toutes les entreprises de 5O salariés et plus. Ils détiennent à la fois des attributions sociales et économiques.

 

Septembre 1945 : la CGT élit deux secrétaires généraux

Malgré l’opposition des confédérés, le C.C.N (comité confédéral national) de septembre désigne, en plus de Léon JOUHAUX, un deuxième secrétaire général en la personne de Benoît FRACHON. Ce faisant le CCN consacre la division. Alors que les revendications salariales s’intensifient à la veille d’une année qui s’annonce déjà rude de par la pénurie des denrées alimentaires et des matières premières pour l’industrie, le courant « ex-unitaire » communiste (devenu majoritaire à l’issue du CCN) appelle les salariés à « retrousser les manches et à produire d’abord et revendiquer après ». L’alignement de la CGT sur les positions du PC est évident. Réagissant de plus en plus aux diverses actions de ce courant à affirmer sa domination politique au péril de la défense des travailleurs, les militants de nombreux syndicats vont s’opposer à ces manœuvres dans les colonnes du journal « résistance ouvrière » qui dès décembre 1946 deviendra « FORCE OUVRIERE ».

 

Octobre : Ordonnance instituant la Sécurité Sociale

Extrait de l’ordonnance « La sécurité sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes. »

 

20 décembre 1945 : Parution du premier numéro du journal FORCE OUVRIERE

Les ex-confédérés se regroupent autour du journal « FORCE OUVRIERE » et deviennent ainsi une tendance au sein de la CGT. Ils se distinguaient en voulant maintenir « l’indépendance syndicale » et la liberté de revendication. A cette époque les communistes contrôlaient 21 fédérations sur 30.

 

21 décembre 1945 : La confédération générale du patronat français devient le CNPF

Octobre 1946 : Référendum sur l’avenir des institutions

En dépit de l’opposition de la tendance confédérée, la CGT invite ses adhérents répondre « non » au référendum sur l’avenir des institutions. C’est une véritable intrusion dans le domaine de la politique et une atteinte au principe du syndicalisme libre et indépendant. La troisième scission de la CGT est en route.

 

1946 : 26ème congrès de la CGT

Un mois avant le début du congrès Robert BOTHEREAU constatant que « la peau de chagrin de l’indépendance syndicale se rétrécit » réaffirme une nouvelle fois l’impossibilité de la confusion des mandats politiques et syndicaux. Les débats sont houleux et BOTHEREAU de préciser à la tribune du congrès « Au point où nous en sommes je suis intimement persuadé que toute erreur grossière d’orientation risquerait d’être fatale au syndicalisme » et de continuer « il serait pour le moins judicieux que la CGT ne renouvelle pas ses récentes erreurs : des prises de positions absolues dans le domaine politique par exemple ». JOUHAUX insiste sur « la nécessité de pratiquer une politique syndicale de sauvegarde de la condition ouvrière, menacée par l’écrasement des salaires ». Pour la majorité communiste l’heure était encore à « produire d’abord et revendiquer ensuite »

 

16 avril 1946 : loi rendant obligatoire les délégués du personnel

 

Avril-Mai 1946 : Création du groupe central FO

Les confédérés à la suite du congrès de la CGT durant lequel ils n’ont pu que constater leur faiblesse (2O % des suffrages) face à la fraction communiste très organisée, ont décidé de s’organiser. Le groupe central FO est créé pour coordonner l’action et l’expression des syndicalistes indépendants.

 

11 octobre 1946 : création de la médecine du travail

1946 c’est aussi : La reconnaissance de la liberté syndicale dans la fonction publique La loi sur les conventions collectives. Les conventions collectives sont hiérarchisées géographiquement et soumises à un étroit contrôle de l’état. Le régime des salaires reste soumis aux décisions gouvernementales.

En 1947 : De graves difficultés économiques et une crise politique s’installent. Dès janvier des grèves éclatent un peu partout. En avril les ouvriers de chez Renault se mettent en grève contre l’avis de la CGT. De plus en plus d’adhérents quittent les rangs de la CGT déçus par son inféodation à des intérêts qui ne sont pas celles des travailleurs. Des comités d’action syndicalistes se mettent en place pour mener une action purement syndicale. Les prix flambent, la pénurie alimentaire persiste et les salaires sont étroitement encadrés par le Gouvernement. Sur les difficultés économiques se greffe une crise politique majeure. Les ministres communistes quitteront en septembre le gouvernement et le PC entre dans l’opposition. Au niveau international c’est le début de la guerre froide. En juillet l’URSS condamne le plan Marshall (plan de reconstruction d’après guerre proposé par les états unis à l’Europe et à l’URSS).

 

8-9 novembre 1947 : conférence des groupes FO

La conférence se situe dans la logique de la démarche de reconquête interne : constituer un pôle, une force qui pèse sur les décisions confédérales de la CGT et qui retienne ceux, nombreux, qui quittent le mouvement ouvrier. Léon JOUHAUX déclarait à cette conférence « le mécontentement qui s’est manifesté dans beaucoup de milieux de la CGT risquait de devenir un élément de désordre, de confusion qui, dans les circonstances actuelles, prenait un caractère de gravité exceptionnelle. C’est pour clarifier cette situation que se tient la conférence de « Force ouvrière ». L’absence de démocratie interne, le rejet du Plan Marshall, la conduite des violentes grèves de novembre 1947 menées par des structures parallèles, la main-mise de plus en plus importante du PC sur la CGT amènent les « amis de Force Ouvrière » à décider la scission. C’est la troisième scission que connaît la CGT depuis sa création en 1895.

 

Le 12 et 13 avril 1948 : Congrès constitutif de la CGT-FORCE OUVRIERE

A Paris, salle de la Mutualité, 1435 délégués fondent la CGT-FORCE OUVRIERE. Cette appellation ne doit rien au hasard : « Nous continuons la CGT ! » affirme Robert BOTHEREAU, celle qui, avec la « charte d’Amiens » de 1906, avec le journal clandestin « Résistance Ouvrière » de la période d’occupation, refusa toute emprise politique afin de défendre efficacement les intérêts propres des salariés »

Robert BOTHEREAU devient le premier Secrétaire Général de la CGT-FORCE OUVRIERE

Date de dernière mise à jour : 02/01/2017